• 14 juin 2025
  • N'Djamena

Tchad : Le port non réglementaire de la tenue militaire, un défi pour la réforme de l’armée

Tchad : Le port non réglementaire de la tenue militaire, un défi pour la réforme de l’armée

Dans le cadre de sa nouvelle vision stratégique, l’État tchadien a engagé une vaste réforme de l’armée afin de lui redonner sa place légitime : celle d’une institution républicaine respectée, disciplinée et au service de la nation. L’un des piliers de cette réforme repose sur le renforcement de la discipline, valeur fondamentale des forces armées.

Parmi les pratiques préoccupantes identifiées, le port non réglementaire de la tenue militaire en dehors des heures de service retient particulièrement l’attention des autorités. Malgré les textes en vigueur interdisant cette pratique, de nombreux militaires continuent de porter leur uniforme dans des lieux publics, parfois à des heures tardives, en dehors de tout cadre professionnel.

Cette attitude soulève des interrogations quant au respect de la discipline militaire et à l’impact sur l’image de l’armée. Plus encore, elle constitue un facteur aggravant en matière de sécurité publique. En effet, la prolifération de tenues et d’équipements militaires en dehors du contrôle des autorités facilite les usurpations d’identité et expose la population à d’éventuels abus ou actes criminels.

Des opérations récentes menées par les forces de sécurité ont permis la saisie de tenues et d’équipements militaires mis en vente sur le marché noir. Ces actions visent à empêcher leur accès à des individus non autorisés pouvant se faire passer pour des militaires à des fins malveillantes. Toutefois, ces efforts risquent d’être vains si des mesures rigoureuses ne sont pas prises pour encadrer strictement le port de la tenue.

Dans certains quartiers de N’Djamena comme dans d’autres villes du pays, il n’est pas rare de croiser des militaires en uniforme dans des lieux de loisirs, en fin de semaine ou durant les heures non ouvrables. Si certains y voient une manière d’affirmer leur appartenance à l’institution, d’autres considèrent que le port de la tenue confère un certain prestige social. Or, cette banalisation nuit à l’autorité de l’armée et brouille la distinction entre les agents de l’ordre et les civils.

La lutte contre la vente illicite des équipements militaires constitue une avancée notable, mais elle doit être complétée par un renforcement du contrôle interne, des sanctions disciplinaires claires, et une sensibilisation accrue au sein des forces. Le port réglementaire de la tenue militaire n’est pas une simple formalité : il s’agit d’un enjeu de discipline, de crédibilité institutionnelle et de sécurité nationale.

La réforme de l’armée ne pourra porter pleinement ses fruits que si les pratiques individuelles s’alignent sur les exigences de rigueur et d’exemplarité. Le port abusif de la tenue militaire doit être combattu avec fermeté, au nom de la stabilité et du respect de l’institution militaire.