Sans grande surprise, Senoussi Hassana Abdoulaye a été porté par ses collègues à la tête de la Mairie de N’Djamena. Il était le candidat favori parmi les conseillers provinciaux. Contrairement à d’autres candidats du MPS, il n’a pas uniquement adossé sa campagne électorale au programme politique du chef de l’État.
C’est pourquoi les attentes envers Senoussi Hassana Abdoulaye sont très grandes et nombreuses. Il a déjà fait preuve de dynamisme et d’une certaine compétence quand il a occupé le poste de Directeur Général de l’École Nationale d’Administration(ENA). Son passage à la tête de cette grande école de formation des cadres a été beaucoup apprécié, notamment lors du concours d’entrée à l’ENA en 2021, de même, son expérience à l’Autorité de l’Aviation Civile(ADAC) a été une réussite.
Cependant, la tâche qui l’attend à la mairie de N’Djamena ne sera pas aisée. Saura-t-il se hisser à la hauteur des exigences que requiert ce poste même si l’on dit aux grands hommes, de grands défis?
Assainissement
Il suffit de se rendre au marché de Dembé, par l’avenue Charles de Gaulle, pour être accueilli par une odeur fétide, des écailles et des boyaux de poisson. En effet, il n’existe pas de dispositifs efficaces pour éliminer ces immondices, généralement déversées dans les caniveaux. Cette situation est similaire dans presque tous les marchés de N’Djamena.
La capitale ne dispose pas d’assez de marchés construits, et pendant la saison des pluies, des asticots grouillent partout. Les flaques d’eau et les ruelles boueuses affichent le visage hideux de nos marchés.
Gestion des déchets
En plus de ce problème, la mairie n’a pas de gros engins pour faire face à la gestion des déchets ménagers et à l’entretien des voiries urbaines. On se demande où est passé “N’Djamena Nadif”. Ces gros camions censés évacuer les ordures de la ville ne sont presque plus visibles. Les habitants utilisent les routes, bitumées ou non, comme dépotoirs. Heureux sont ceux qui habitent près des bassins de rétention d’eau où les saletés sont souvent jetés même si cela reste un couteau à double tranchant.
La gestion de l’évacuation des eaux est un autre défi qui attend Senoussi. Bien que ce soit un projet qui engage le gouvernement, la mairie en est également responsable. Comment gérer les inondations, qui, avec les changements climatiques, doivent être attendues chaque année ? Il est important de noter qu’il n’y a pas assez de routes bitumées ainsi que de caniveaux. A cela il faut ajouter le manque de voies d’évacuation de ces eaux. Ce qui rappelle bien qu’être Maire de la ville de N’Djamena est un véritable challenge. Il ne faut pas non plus oublier de dire que les rares caniveaux existants sont souvent bouchés.
Routes et transport
La rue de 40 mètres et l’Avenue Maréchal Idriss Déby Itno sont parmi les rares voies dignes d’une capitale. Les autres sont souvent pleines de nids de poule, certaines sont même ensablées, rendant les bitumes méconnaissables. Ceux qui y circulent sont souvent couverts de poussière. Les embouteillages sont fréquents et les routes et ponts saturés à tout moment.
Quant au système de transport, les tarifs ne sont pas normalisés, et il est difficile de trouver de taxis dignes de ce nom. Les minus bus sont vétustes et transportent les passagers dans des conditions peu commodes.
Éducation citoyenne
Tous ces efforts seront vains s’ils ne s’accompagnent pas de l’adhésion de la population. Beaucoup conviennent que de nombreux habitants de N’Djamena ont une mentalité rurale, avec des pratiques telles que la défécation à l’air libre, l’élevage en milieu urbain, une mauvaise conduite automobile et pas de notion d’assainissement. Il est donc essentiel de faire en sorte que les habitants de N’Djamena adoptent des attitudes citadines. Cela nécessite rigueur, respect des mesures prises, et une réelle volonté de changement, ainsi qu’une adhésion populaire.
Senoussi devra poser plus que 100 actions réelles pour transformer le visage de la capitale. Le maçon se démarque au pied du mur.
Attendons de voir.