Une échéance stratégique pour l’Afrique
Ce jeudi 29 mai 2025, la Banque africaine de développement (BAD) connaîtra le nom du successeur d’Akinwumi Adesina. Parmi les favoris potentiels figure le Tchadien Mahamat Abbas Tolli. Toutefois, au-delà des candidats en lice, il convient d’abord de présenter les électeurs qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne sont pas exclusivement africains. Cette particularité rend l’élection d’autant plus stratégique, d’autant plus qu’elle ne sourit généralement pas aux favoris.
Un mode de scrutin confidentiel et codifié
Certains vont jusqu’à comparer l’élection du président de la BAD à celle du pape au Vatican. Elle se déroule à huis clos, et le président sortant, s’il n’est pas candidat, n’a même pas le droit d’être présent dans la salle. Seuls les 81 gouverneurs — 54 Africains dits « électeurs régionaux » et 27 non-Africains, dits « non-régionaux » — sont habilités à voter.
Le poids décisif des alliances et des intérêts
Les légendes veulent que les favoris ne soient pas toujours les élus, comme au Vatican. En réalité, l’élection repose sur un jeu complexe d’alliances et d’intérêts entre États, ce qui explique pourquoi les pays non africains parviennent souvent à imposer leur volonté. Ces derniers représentent 40,27 % du pouvoir électoral, avec des poids lourds comme les États-Unis (6,55 %), le Japon (5,47 %) et la France (3,75 %). Côté africain, le Nigeria reste le pays le plus influent avec 9,25 % du poids électoral, soit plus du double de celui des pays de la zone CEMAC, qui totalisent à peine 4,25 %. L’Égypte et l’Afrique du Sud complètent la liste des acteurs majeurs du continent.
Une double majorité indispensable
Pour être élu président de la BAD, il ne suffit pas d’obtenir une majorité simple parmi les 81 gouverneurs. Le candidat doit également atteindre un minimum de 50,01 % des voix dans chacune des deux catégories : les électeurs régionaux et les électeurs non régionaux. Ce double seuil conditionne l’obtention d’un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.
En outre, l’élection peut s’étendre sur plusieurs tours. À chaque tour, le candidat ayant obtenu le moins de voix est éliminé. Si aucun consensus n’émerge après cinq tours, le conseil des gouverneurs est contraint de reporter l’élection à une date ultérieure. Un président intérimaire est alors désigné pour assurer la continuité de l’institution. Ce scénario s’est déjà produit en 1995 et en 2005.

Une bataille ouverte entre cinq candidats
Parmi les candidats déclarés figurent :
• le Tchadien Mahamat Abbas Tolli,
• le Sénégalais Amadou Hott,
• la Sud-Africaine Swazi Bajabulile Tshabalala,
• le Mauritanien Sidi Ould Tah,
• et le Zambien Samuel Munzele Maimbo.
La course s’annonce rude, et chacun sait qu’en pareil contexte, seule une stratégie bien affûtée permet d’espérer franchir la ligne d’arrivée.
Lanka Daba Armel