• 28 avril 2025
  • N'Djamena

Marché à bétail d’Amdjarass : quand la modernité reste lettre morte

Marché à bétail d’Amdjarass : quand la modernité reste lettre morte

À Amdjarass, un marché à bétail flambant neuf a été aménagé par l’État pour dynamiser le commerce local et offrir aux éleveurs des conditions de vente plus hygiéniques, sécurisées et structurées. Doté d’enclos sécurisés, de points d’eau, d’espaces d’attente, de zones de transaction et d’installations sanitaires répondant aux standards modernes, le site semblait cocher toutes les cases pour revitaliser le secteur.

Malgré des investissements publics considérables, le nouveau marché à bétail d’Amdjarass reste étonnamment désert. En effet, la majorité des transactions commerciales continue de s’opérer de manière informelle aux abords du marché central, dans des conditions pourtant précaires. La principale critique formulée par les éleveurs et commerçants concerne l’emplacement du site, jugé trop excentré par rapport aux principaux axes d’animation économique de la ville. « Il n’y a pas assez de passage là-bas. On préfère rester où il y a du monde, même si ce n’est pas autorisé », explique un vendeur rencontré près du centre-ville. Faute d’un flux régulier d’acheteurs, les opportunités de vente au sein du nouveau marché restent faibles, accentuant le désintérêt des acteurs concernés.

Au-delà de l’éloignement, c’est l’absence de concertation en amont du projet qui est vivement critiquée. De nombreux éleveurs affirment n’avoir été ni consultés, ni sensibilisés à l’importance d’intégrer cet espace moderne à leur activité quotidienne. Ce déficit de dialogue a creusé un fossé entre la vision institutionnelle et les réalités du terrain. S’ajoutent à cela des frais d’utilisation jugés élevés par plusieurs commerçants, sans qu’une véritable valeur ajoutée ne soit perçue.

La situation du marché à bétail d’Amdjarass met en évidence un défi bien connu en matière de politiques publiques : sans stratégie d’appropriation claire, et sans l’implication effective des bénéficiaires, même les meilleures infrastructures risquent de rester lettre morte. Pour inverser la tendance, plusieurs pistes sont évoquées : associer les éleveurs à la gestion du site, revoir la politique tarifaire, améliorer la desserte du marché et instaurer des mesures incitatives pour stimuler l’activité commerciale.

Au final, ce n’est pas la qualité des installations qui assurera le succès du marché, mais bien la capacité à en faire un lieu vivant et attractif pour les usagers. Pour l’heure, le marché flambant neuf d’Amdjarass attend toujours de trouver sa place dans la dynamique économique locale.

Abdoussamat Mahamat