L’économie tchadienne repose largement sur l’agriculture et l’élevage. Cependant, avec la conjoncture économique difficile que traverse le pays, le pouvoir d’achat des ménages diminue. À Moundou, chef-lieu de la province du Logone Occidental, de nombreuses familles cherchent à subvenir à leurs besoins. Le jardinage devient ainsi une activité essentielle, tant pour les jeunes diplômés sans emploi que pour les femmes vulnérables et les chefs de ménage.
Au marché Guelkol, situé dans le troisième arrondissement, l’affluence commence dès l’aube. Les vendeuses, venues des quatre coins de la ville, s’approvisionnent en laitue, tomates, carottes, choux et autres denrées essentielles. Derrière leurs sourires, se cachent pourtant de nombreuses difficultés.
« Nous n’avons pas le choix. Nous devons aider nos maris et subvenir aux besoins de nos enfants qui vont à l’école. L’avantage, c’est que nous nous nourrissons d’abord avant de vendre le surplus. Cela nous procure une certaine joie », confie Mami Mélina, assise devant ses tomates.
Une autre vendeuse, sourire aux lèvres, ajoute : « Une femme ne doit pas compter uniquement sur son mari. Aujourd’hui, le commerce est devenu notre second mari. Je suis fière de vendre ces fruits. »
Si le jardinage est souvent perçu comme une activité masculine, une fournisseuse, tout en allaitant son bébé, précise : « Chez nous, il n’y a pas que les hommes qui font du jardinage. Moi, je travaille pour mon mari, mais beaucoup de femmes pratiquent cette activité. »
Les activités génératrices de revenus ne se limitent pas à l’aspect financier. Elles permettent aussi aux pratiquants de se nourrir et d’assurer leur autonomie. À Moundou, de nombreuses femmes sont fières de subvenir elles-mêmes à leurs besoins grâce à ces initiatives. Pour les jeunes diplômés sans emploi, c’est aussi une opportunité d’insertion socioprofessionnelle. Une pratique qui mériterait davantage d’encouragement de la part des autorités.