Lors de ses déclarations, feu le Président Maréchal Idriss Déby Itno avait érigé le désenclavement du Tchad en priorité nationale, qualifiant même le projet de chemin de fer de «serment» pour son peuple. Force est de constater que cette ambition, pourtant vitale pour un pays enclavé comme le Tchad, semble reléguée au second plan près de quatre ans après sa disparition.
À quand le véritable engagement, au-delà des promesses politiques ? Depuis 2017, le projet d’extension du chemin de fer camerounais vers N’Djamena, financé par la Banque africaine de développement (BAD), peine à se concrétiser. Les lenteurs administratives du Cameroun ont longtemps bloqué le processus, poussant le Tchad à explorer d’autres options, notamment un accord avec le Soudan pour une ligne Port-Soudan–N’Djamena. Cependant, aucun engagement ferme n’a encore été pris pour lancer les travaux.
Alors que les «12 chantiers et 100 actions» du Président de Transition Mahamat Idriss Déby Itno , lors de la campagne électorale sont régulièrement mis en avant dans les discours officiels et la communication gouvernementale, le projet ferroviaire, levier économique majeur, brille par son absence. Comment expliquer cette omission, alors que le désenclavement par le rail est censé être l’un des piliers du développement de notre pays ? Le rail demeure un moyen essentiel pour le commerce et la mobilité.
Aujourd’hui, le Tchad, pays enclavé, dépend largement des ports étrangers pour ses importations et exportations. Il y a deux ans, une Journée des chargeurs s’est tenue avec plusieurs recommandations, mais la question ferroviaire semble avoir été reléguée aux oubliettes. Pourtant, un chemin de fer fonctionnel permettrait de réduire les coûts logistiques exorbitants liés au transport routier défaillant et de redynamiser les échanges régionaux, notamment avec le Cameroun et le Soudan. Autant d’avantages ignorés.
Entre les promesses non tenues, les études qui s’accumulent sans déboucher sur des travaux, le projet ferroviaire ressemble de plus en plus à un mirage. L’émergence d’un pays ne saurait se faire sans la concrétisation des promesses de développement. Le Tchad mérite mieux qu’un désenclavement aux rails invisibles.
Nguenamadji Alfred