L’interdiction faite aux avocats étrangers de défendre Succès Masra, les accusations de tentative de coup d’État portées contre lui, ainsi que la mission de journalistes envoyés à Mandakoa, constituent l’ossature du point de presse tenu ce 27 mai 2025 par le parti Les Transformateurs à son siège.
Tout d’abord, les membres du parti insistent sur le fait que l’audio de leur président ne constitue en aucun cas une incitation à la haine, mais relève plutôt, selon eux, de la légitime défense. À ce sujet, le secrétaire général du parti, Tog-Yeum Nagorngar, précise que cet enregistrement, bien qu’il puisse présenter des « caractères délictuels », date de deux ans. De surcroît, il est couvert par les accords de Kinshasa ainsi que par l’amnistie qui en a découlé. Dès lors, soutient-il, « il ne peut plus fonder une quelconque poursuite judiciaire ».
Un procès à visée politique
Par ailleurs, Les Transformateurs affirment que plusieurs éléments attestent du caractère politique du procès intenté contre leur président. Ce constat, selon eux, serait d’ailleurs implicitement reconnu par le porte-parole du gouvernement lui-même. En effet, ils dénoncent « l’implication constante et incestueuse du gouvernement dans l’instruction judiciaire, l’approche sélective des personnes visées, et le caractère notoirement farfelu des accusations avancées ». Pour le parti, il s’agirait d’éliminer un opposant coriace, dont la grande popularité aurait été confirmée par « les véritables résultats des élections de mai 2024 », selon Tog-Yeum Nagorngar. En outre, il critique l’argument de souveraineté nationale invoqué pour interdire aux avocats étrangers de défendre Masra, estimant que cette décision a été prise « au mépris des engagements internationaux du Tchad ».
Des accusations jugées farfelues
Le parti rejette fermement les accusations selon lesquelles Succès Masra aurait tenté de fomenter un coup d’État avec l’aide des présidents ivoirien, français et congolais. Selon Les Transformateurs, une telle thèse est non seulement farfelue, mais elle pourrait également nuire gravement aux relations diplomatiques du Tchad avec ces pays. D’après eux, les échanges de leur leader avec des personnalités internationales relèvent de la diplomatie classique. Ainsi, « ce qui doit fonder une accusation de coup d’État, ce n’est pas l’identité des interlocuteurs, mais le contenu potentiellement subversif des échanges ». Or, aucun message ne remplirait cette condition, insiste le secrétaire général, qui y voit plutôt des échanges de nature diplomatique.
Il soutient en outre que les éléments à charge auraient été extraits des téléphones de Masra, saisis lors de son arrestation — qu’il qualifie d’enlèvement — survenue le 16 mai 2025, sans mandat d’arrêt. Ces téléphones seraient désormais « entre les mains des officines de la présidence, qui continuent de les manipuler en toute illégalité ».
Une mission controversée à Mandakoa
Enfin, le parti s’indigne de ce qu’il considère comme une opération de manipulation de l’opinion publique. « Dans leur quête effrénée de preuves, ils ont dépêché à Mandakoa, avec les moyens de l’État, une brochette de journalistes vraisemblablement sélectionnés en fonction de leur loyauté au régime. Leur mission serait de recueillir ou de fomenter des témoignages à charge contre Succès Masra », dénonce Tog-Yeum Nagorngar.
Les Transformateurs en appellent au président de la République afin qu’il évite un glissement dangereux en ordonnant la libération immédiate de leur leader. Ils exhortent par la même occasion leurs militants à rester mobilisés et à suivre scrupuleusement les instructions de la direction politique du parti.
Lanka Daba Armel