• 7 avril 2025
  • N'Djamena

La participation du Tchad au FESPACO : un défi ambitieux et porteur d’espoir

La participation du Tchad au FESPACO : un défi ambitieux et porteur d’espoir

Un enjeu de taille pour le cinéma tchadien

À l’approche de la 29e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO), le Ministère du Développement Touristique, de la Culture et de l’Artisanat, dirigé par Abakar Rozzi Teguil, intensifie les échanges avec les professionnels du secteur et les médias. Objectif : assurer une participation marquante du Tchad à cet événement d’envergure continentale.

Mais dans un pays où l’industrie cinématographique est encore émergente et confrontée à des défis majeurs — manque de financements, d’infrastructures adaptées et de formations spécialisées — cette participation suscite autant d’espoirs que d’interrogations. Contrairement à des nations comme le Nigeria, le Cameroun, l’Afrique du Sud ou le Burkina Faso, où le cinéma est profondément ancré dans la culture nationale, le Tchad peine encore à structurer un écosystème cinématographique solide. Pourtant, le choix du Tchad comme pays d’honneur cette année représente une opportunité inédite : celle de mettre en lumière un cinéma encore méconnu, mais riche en potentiel.

Visibilité ou véritable tremplin pour l’industrie ?

La question qui se pose est la suivante : cette visibilité est-elle suffisante pour combler les lacunes structurelles du secteur ? Des initiatives telles que des ateliers de formation, des résidences d’écriture et des partenariats avec d’autres pays africains sont-elles prévues pour renforcer les productions locales et professionnaliser le secteur ? Le Tchad saura-t-il tirer parti de cette occasion unique pour affirmer sa place sur l’échiquier cinématographique africain ?

Des pionniers et une nouvelle génération à encourager

Malgré des ressources limitées, le pays a vu émerger, ces dernières années, des talents prometteurs et des œuvres cinématographiques qui méritent une plus grande reconnaissance. Des réalisateurs comme Issa Serge Coelo et Mahamat-Saleh Haroun, figures majeures du cinéma tchadien, ont déjà marqué les esprits avec des films qui, bien que peu nombreux, abordent des thématiques universelles tout en restant ancrés dans la réalité locale. Le FESPACO constitue ainsi une plateforme idéale pour valoriser ces productions et inspirer une nouvelle génération de cinéastes.

Un engagement nécessaire pour structurer le secteur

Toutefois, pour éviter de tomber dans le simple symbole, les autorités et les professionnels du secteur doivent travailler en synergie pour présenter une sélection d’œuvres représentatives de la richesse et de la diversité culturelle du pays. La participation du Tchad ne doit pas être un simple événement ponctuel, mais un véritable tremplin pour la structuration d’une industrie pérenne. Cela implique un engagement concret en faveur de la formation des professionnels, du soutien à la production et de la mise en place d’une politique de diffusion des œuvres tchadiennes, tant au niveau national qu’international.

Le FESPACO, un tournant pour le cinéma tchadien ?

Le FESPACO, bien plus qu’un festival, est un outil essentiel pour la promotion et le développement des cinématographies africaines encore en quête de reconnaissance. Chaque pays, quelle que soit la taille de son industrie, a une histoire à raconter et une voix à faire entendre. Pour le Tchad, cette édition représente une opportunité historique : celle de poser les bases d’un cinéma national ambitieux, structuré et tourné vers l’avenir. Reste à savoir si cette occasion sera saisie avec toute la détermination qu’elle mérite.

NGUENAMADJI Alfred