Dans un pays où les espaces dédiés à la jeunesse se comptent sur les doigts d’une main, la Maison des Jeunes de N’djari, située dans le 8ᵉ arrondissement de N’Djamena, représente bien plus qu’un simple local. Depuis 2009, ce centre a formé plus de 800 jeunes dans des métiers techniques tels que la couture, la mécanique, la plomberie, etc., et servi de creuset pour des débats citoyens, des forums sur la paix et l’autonomisation des femmes.
Aujourd’hui, ce symbole de résilience est menacé par une décision verbale et unilatérale du Directeur Général de l’Immigration Nationale, dont les motivations restent aussi obscures qu’inacceptables. Il faut savoir que la Maison des Jeunes de N’djari incarne l’un des rares exemples de réussite collective en matière d’insertion socio-professionnelle. Ses ateliers ont permis à des centaines de jeunes, souvent issus de quartiers défavorisés, d’acquérir des compétences concrètes pour sortir de la précarité. Elle a aussi accueilli des événements majeurs autour de la paix, prouvant son rôle dans la construction d’un dialogue social. Pourquoi cibler un tel lieu, alors que le Tchad lutte contre le chômage des jeunes et l’insécurité, partiellement nourrie par le désœuvrement ? L’absence de motif écrit soulève des soupçons de calcul politique, d’autant plus que le bâtiment fut financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et géré par la mairie.

L’action du Directeur de l’Immigration viole plusieurs principes fondamentaux : absence de document officiel justifiant l’expulsion, mépris des partenaires, etc. Bref, la Maison des Jeunes de N’djari n’est pas un cas isolé. Il convient de rappeler que les centres culturels sont délaissés par les autorités, malgré leur utilité prouvée. Preuve en est : le centre Koulsy Lamko de l’acteur Hadre Dounia, détruit récemment par un incendie, reste toujours sans soutien.
En sacrifiant cette Maison des Jeunes sur l’autel de l’arbitraire, c’est tout un modèle de développement que l’on fragilise. La réduire au silence serait un crime contre l’intelligence et la dignité.
Nguenamadji Alfred