Le Tchad, entre héritage guerrier et ambition de développement : le jeune docteur voit autrement
Dès que l’on évoque le nom du Tchad, beaucoup pensent spontanément à la guerre. Il est vrai que, depuis son indépendance, le pays a été marqué par une succession de conflits armés qui, malheureusement, n’ont pas encore totalement disparu. Pourtant, réduire le Tchad à cette seule image serait passer à côté de la profondeur historique, stratégique et humaine de son identité militaire.
Si l’on remonte dans le temps, la société tchadienne précoloniale se distinguait par une mosaïque de royaumes puissants, parmi les plus influents du continent africain. Dans ces entités politiques, l’armée et l’art de la guerre ont joué un rôle fondamental, aussi bien dans l’essor économique que dans la stabilité politique. C’est dans ce contexte qu’est apparue une tactique militaire aussi redoutable que fascinante : le rezzou. L’auteur souligne la guerre de Toyota, l’attaque aérienne, les perspectives d’avenir, la modernisation et la réforme de l’armée.
En grande partie sahélo-saharien, le territoire tchadien, avec ses paysages arides, a favorisé l’émergence de cette stratégie offensive mobile, connue sous le nom de rezzou, ou ghezwa en arabe. Issue des pratiques militaires postislamiques dans les zones non islamisées, cette technique repose sur la rapidité, l’effet de surprise et la connaissance parfaite du terrain désertique. Longtemps mal interprété par l’administration coloniale française, qui y voyait un simple acte de pillage commis par des nomades « farouches », le rezzou mériterait aujourd’hui une réévaluation rigoureuse, au regard de sa complexité et de son rôle structurant.

Plus qu’un simple outil de prédation, le rezzou constituait une véritable tactique de survie et d’influence dans les zones hostiles du Sahara. Les guerriers nomades qui le pratiquaient sont devenus des acteurs incontournables du commerce transsaharien et des conflits locaux. Leur expertise militaire a été si reconnue que plusieurs royaumes sahéliens n’hésitaient pas à les rémunérer grassement pour sécuriser leurs cités et caravanes. Avec le temps, cette tactique s’est modernisée et mécanisée, au point de s’intégrer aux forces régulières de l’État tchadien post-indépendance.
De cette tradition militaire, le Tchad tire aujourd’hui une réputation solide sur la scène africaine et internationale. L’armée tchadienne est souvent citée parmi les plus efficaces du continent, non seulement pour ses performances sur le terrain, mais aussi pour les valeurs d’humanité et de discipline qu’incarnent ses soldats. Lors des différentes opérations extérieures (OPEX), le mot « moral » y prend un sens tout particulier : il traduit la résilience, la bravoure et la fierté d’un peuple déterminé à défendre ses idéaux.
Cette identité militaire, forgée au fil des siècles, constitue une richesse stratégique que le Tchad peut transformer en levier d’autonomie et de stabilité nationale. Elle offre les fondations d’une force de défense capable de répondre à toute agression extérieure, mais aussi de garantir l’ordre et la sécurité sur l’ensemble du territoire.
Cependant, cet esprit guerrier et combatif ne devrait pas rester confiné au champ militaire. Il doit aujourd’hui s’orienter vers un combat plus noble : celui du développement. Chaque citoyen tchadien, héritier de cette histoire, est appelé à se battre pour l’essor de sa nation. Que ce courage ancestral devienne un moteur de progrès, une arme pacifique au service d’un Tchad uni, souverain et respecté parmi les grandes nations.
Titulaire du baccalauréat obtenu en 2014 à l’École internationale de l’Amitié au Burkina Faso, Dr Kerim Sagour Youssouf poursuit ses études à l’international en intégrant, en 2015, l’American Institute of English Proficiency (AIEP) à Manille, aux Philippines, où il obtient un diplôme en langue et lettres anglaises.
Passionné par les sciences de la santé, il intègre la faculté de médecine de St Christopher au Sénégal, où il décroche un Doctorat d’État en médecine en 2024. La même année, il complète un Master 2 en gestion de projet à l’École Supérieure de Management de Projet (ESMP) au Sénégal, démontrant ainsi une double compétence, à la fois médicale et managériale. Engagé dans la vie associative, il a été président de l’Association Médicale des Étudiants Tchadiens au Sénégal (AMETS), une plateforme de solidarité et de réflexion pour la jeunesse tchadienne en formation.
En parallèle de son parcours universitaire, il entame l’écriture de son ouvrage en 2022, qu’il achève avec rigueur et passion en 2024.
Cheik Souleyman