Les jeunes et les femmes ont toujours occupé une place prépondérante dans les discours officiels et politiques au Tchad. Il ne fait aucun doute que ces deux groupes constituent la majeure partie de la population. Qu’il s’agisse d’une marque de galanterie ou d’une réelle volonté politique, les gouvernants ont constamment mis en avant les femmes dans leurs programmes. De nombreuses initiatives pour l’autonomisation et l’épanouissement des femmes ont ainsi vu le jour, telles que le Programme National d’Autonomisation Économique et Sociale de la Femme, la construction de la Maison Nationale de la Femme, ainsi que la création d’un département ministériel dédié à la femme, désormais érigé en ministère d’État. Nous ne devons pas oublier la « parité de 30 % » dans les postes nominatifs et électifs, ni la récente gratuité d’accès des filles aux institutions d’enseignement supérieur (sauf pour celles dont l’accès se fait par voie de concours) ; les exemples abondent.
Cependant, en dépit de ces efforts, les conditions de vie des femmes restent encore bien éloignées des espérances. Chaque jour, des cas de féminicide, d’agressions sexuelles, de viols sur mineurs et de violences physiques sont rapportés. Ces événements rappellent que l’amélioration des conditions des femmes constitue un problème profondément enraciné, qui doit avant tout émerger de la base de la société. Cela passe sans aucun doute par une vaste campagne de changement des mentalités.
Bien que, ces dernières années, certaines classes comptent davantage de filles que de garçons, les résultats ne reflètent pas encore les promesses affichées. Leur nombre décroît à mesure que l’on progresse vers les niveaux supérieurs de la pyramide éducative. Sur le plan économique, des normes sociales limitent la mobilité des femmes et, de facto, leur accès aux opportunités économiques, à l’emploi à plein temps et aux activités indépendantes aux avantages conséquents.
À une certaine époque, les revendications féministes semblaient relever davantage du domaine politique. La fameuse « parité de 30 % » dans les postes nominatifs et lors des élections paraît respectée. Toutefois, en y regardant de plus près, on constate que les femmes ne sont pas encore présentes dans les postes stratégiques. La Présidence de la République, la présidence de l’Assemblée nationale et la Primature sont dirigées par des hommes, tout comme les institutions autonomes ou indépendantes telles que la Médiature, le Conseil constitutionnel, la Cour suprême, le Conseil économique et social, la Commission nationale des droits de l’homme, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel, et l’Agence nationale de gestion des élections. La seule exception notable est la Cour des comptes, dirigée par une femme.
Enfin, il est important de souligner que le processus d’autonomisation des femmes nécessite du temps. Il convient également de comparer le nombre d’hommes et de femmes compétents sur le marché du travail actuel.
Lanka Daba Armel