L’audience du 8 mai 2025, consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries, a marqué un tournant dans l’affaire opposant Idriss Youssouf Boy à About Hachim Bouder. Le procureur de la République a posé le ton : « Il n’y a pas de corrompu sans corrupteur. L’argent en cause n’appartenait ni à Idriss Youssouf ni à Bouder, mais au contribuable. » Il a fustigé les pratiques d’attribution des marchés publics, précisant qu’aucun texte ne justifie le versement de 10 % de commission à quiconque.
Avant d’aborder le cas des deux principaux mis en cause, le procureur a requis la relaxe d’Izadine Souleymane et de Madame Hadje Koubra, estimant qu’ils n’avaient pas agi en pleine connaissance de cause, rendant les infractions non constituées.
En revanche, le ministère public a requis dix ans de prison ferme à l’encontre d’Idriss Youssouf Boy et d’About Hachim Bouder, suscitant la riposte immédiate de la défense.
Plaidoiries en contrepoint
Pour Me Ngadjadoum Josué, avocat d’About Hachim Bouder, « l’élément intentionnel de la corruption n’est pas établi ». Il affirme que son client n’est pas corrupteur et que l’argent versé ne représente que 8 % d’un marché de 11,8 milliards FCFA, montant que Hachim revendique comme dû. « Il a été escroqué », conclut-il, appelant à la condamnation d’Idriss Youssouf Boy pour restitution.Les avocats de ce dernier partagent la ligne de défense. Me Goylar dénonce l’absence de preuve matérielle : « Aucun document ne prouve que notre client a perçu une quelconque somme. » De son côté, Me Djerandji Laguerre Dionro s’interroge : « S’il s’agit d’un prêt, pourquoi être devant un juge correctionnel ? » Il dénonce un procès politique et remet en question la compétence même du tribunal.
Ultimes déclarations
Le président du tribunal donne ensuite la parole aux prévenus. Idriss Youssouf Boy reste sur ses positions : « Je maintiens ce que j’ai dit. » About Hachim Bouder, pour sa part, insiste : « En 21 ans d’exercice dans les marchés publics, je n’ai jamais été mêlé à un acte de corruption. » Izadine Souleymane et Hadje Koubra déclarent également n’avoir « rien fait ».
Alors que le président annonçait une délibération dans la foulée, celle-ci a finalement été prorogée. Après trois heures d’attente, les parties ont été rappelées dans la salle pour apprendre que le verdict serait rendu ce vendredi 9 mai à 9 heures.
Enfin, après les réquisitions et les plaidoiries, place à la décision. Demain, la justice tranchera et dira si les faits reprochés relèvent du droit ou de l’interprétation. Quelle que soit la durée du procès, la justice finira toujours par dire son dernier mot. La parole est désormais aux juges.