À l’aube de ce vendredi sacré, Ahmat Tidjanie Abakar, vêtu de son grand boubou blanc immaculé, prend calmement le chemin de la mosquée de son quartier. Comme des centaines d’autres fidèles, il marche en silence vers la mosquée, accompagné de ses fils et voisins. L’Aïd al-Adha, ou la fête de Tabaski, a commencé.
Après la prière, les rues du quartier de Goudji s’animent rapidement. Les fidèles reviennent chez eux, et les bêlements des moutons remplissent l’atmosphère. Les enfants, curieux mais habitués à la scène, assistent aux dépaissements rituels. Devant certaines concessions, les animaux sont égorgés selon le rite musulman, sous la supervision des pères de famille. Le sang coule, mais l’ambiance est sereine : chacun connaît la symbolique de ce sacrifice, héritée du prophète Abraham.
Chez la famille Ahmat Tidjanie Abakar, les visiteurs commencent à arriver dès la fin de la prière. Cousins, voisins, amis viennent saluer, partager un moment et souhaiter la paix. Sur la véranda, les femmes de la maison ont déjà dressé les assiettes : gâteaux traditionnels, bonbons colorés et thé y sont servis dans la convivialité. La préparation du repas bat son plein. Oignons tranchés, carottes fraîches, condiments locaux, poivrons, bouillon et épices remplissent les marmites. Tandis que la viande principale mijote, les abats foie, rognons, intestins sont soigneusement nettoyé dans une ambiance où se mêlent chants, rires et concentration.

À la fin de l’après-midi, des parts de viande sont soigneusement emballées et offertes aux visiteurs venus de loin. Le geste, répété dans tout le pays, rappelle l’essence même de la Tabaski : le partage, le sacrifice et l’hospitalité.
YOHANE DJIMET