• 7 juin 2025
  • N'Djamena

Littérature: Afrique vers la voie du salut d’Ismail Baradine Ardja

Littérature: Afrique vers la voie du salut d’Ismail Baradine Ardja

«Le jour où la France perdra le Tchad, elle perdra toute l’Afrique », affirme le jeune auteur tchadien Ismail Baradine Ardja à la page 5 de son ouvrage, Afrique : vers la voie du salut. Cet essai de 168 pages, toujours lu avec la même intensité et le même engouement, s’impose comme une œuvre révolutionnaire, thérapeutique et prophétique, mettant en exergue la souveraineté monétaire et politique des États africains.

Publié initialement en 2023 aux éditions Colibri au Cameroun, il a été réédité en décembre 2025 aux éditions Satellite au Tchad. L’ouvrage se veut désormais la matrice de toute pensée panafricaine contemporaine. Plus la thématique est importante et adaptée à la variabilité des des passions quotidiennes du lectorat, plus sa vitalité est assumée par l’intérêt durable du panafricanisme.

Dans un contexte de profondes mutations géopolitiques, Afrique : vers la voie du salut se veut comme une œuvre lucide, engagée et visionnaire. Véritable guide vers la souveraineté et l’épanouissement des États africains, le livre se présente au fil des chapitres comme une architecture humaine qui dresse la voie vers la liberté, l’indépendance, et la prospérité du continent. Pour l’auteur, il s’agit d’« un chemin de reconstruction d’une Afrique glorieuse de son passé, fière de son identité et responsable de son avenir ». Cette affirmation constitue la pierre angulaire de son argumentaire.

Inspiré par des figures majeures du panafricanisme contemporain telles que Kémi Séba et Nathalie Yamb, Ismail Baradine Ardja s’inscrit dans la continuité de leurs combats en livrant un essai percutant, structuré scientifiquement en deux grandes parties comportant chacune cinq chapitres.

Dans la première partie, il aborde les défis cruciaux auxquels le continent est confronté : l’insécurité, la falsification de l’histoire, un système éducatif hérité des modèles occidentaux, l’inadéquation de certaines formes de démocratie avec les réalités africaines, la nécessité d’une monnaie unique pour l’Afrique, ainsi que la dépravation des mœurs sous l’influence de cultures étrangères. À chaque problématique, il propose des pistes de solution concrètes et audacieuses.

La seconde partie, à forte teneur géopolitique, propose une lecture lucide et sans complaisance des dynamiques régionales. L’auteur y analyse notamment les vagues de contestation contre la présence militaire étrangère, l’émergence de régimes militaires dans plusieurs pays, et d’autres mutations majeures.

L’ouvrage se distingue également par son caractère prophétique : plusieurs événements annoncés par l’auteur se sont réalisés. Comme disait l’icône de la poésie africaine, le poète président Léopold Sedar Senghor :« La mission de l’écrivain est de prophétiser la cité du futur de qui naîtra des cendres de l’ancienne». Il avait, par exemple, prédit le retrait imminent du Tchad de ses accords de coopération militaire avec la France — ce qui s’est effectivement produit. Il avait également plaidé pour une réécriture de l’histoire africaine par les Africains eux-mêmes, une dynamique aujourd’hui amorcée au Tchad et au Sénégal à travers des projets historiques nationaux. Lors d’une cérémonie de dédicace à Douala, il avait aussi évoqué une possible adhésion du Tchad à l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation qu’il considère comme porteuse d’espoir pour l’ensemble du continent.

À propos de l’auteur

Né le 1er septembre 1999 à Iriba, au Tchad, Ismail Baradine Ardja est titulaire d’un Master II Recherche en Droit Public et d’une Licence en Sociologie de la Population et du Développement, obtenus à l’Université de Ngaoundéré. Il incarne cette nouvelle génération d’intellectuels africains qui portent haut la voix d’un continent en reconstruction.

Il s’inscrit dans la lignée intellectuelle et militante de figures telles que Kémi Séba, Amzat Boukari-Yabara, Nathalie Yamb, Alain Foka, Banda Kani, Steve Jocelyn Ngos et Dominique Yamb Ntimba. Après la sortie de son livre, il a été invité dans plusieurs universités par l’Association des Hommes de Lettres pour exposer ses réflexions sur l’avenir du continent africain.

Cheik Souleyman, critique littéraire.