• 10 mai 2025
  • N'Djamena

Crise humanitaire à la frontière tchado-soudanaise, Birak et Guéréda à l’épreuve d’un exode massif

Crise humanitaire à la frontière tchado-soudanaise, Birak et Guéréda à l’épreuve d’un exode massif

Les régions de Birak et de Guéréda (Mile Extension), situées à la frontière tchado-soudanaise, sont le théâtre d’une crise humanitaire sans précédent. Depuis l’escalade des violences armées au Soudan, plus de 126 822 réfugiés ont trouvé refuge dans la province du Wadi Fira, dont 73 % sont des femmes et des enfants. Parmi eux, 9 % des enfants sont non accompagnés, livrés à eux-mêmes dans des camps surpeuplés et insuffisamment équipés.

Avec l’arrivée récente de plus de 80 000 nouveaux réfugiés, les besoins en matière de santé, de nutrition, d’accès à l’eau potable et de protection deviennent critiques. Les communautés hôtes, elles-mêmes vulnérables, doivent partager des ressources déjà limitées, ce qui accroît les tensions sociales et met à rude épreuve les structures locales.

Les centres de santé de Birak et de Mile Extension sont débordés, entraînant de fréquentes ruptures de médicaments essentiels. Le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans est en nette augmentation, sans accompagnement adapté pour les cas de santé mentale ni pour les soins de santé reproductive. L’accès aux services médicaux demeure un défi majeur : de nombreux réfugiés doivent parcourir de longues distances pour se faire soigner, un obstacle insurmontable pour les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les femmes enceintes. Par ailleurs, l’insuffisance des infrastructures d’eau et d’assainissement empire les conditions de vie. Les familles s’approvisionnent dans des sources non traitées, augmentant les risques de maladies hydriques. Le manque de latrines et de kits d’hygiène expose les populations à des épidémies.

Face à cette situation critique, l’International Rescue Committee (IRC) intensifie sa réponse humanitaire à travers plusieurs actions majeures :

Déploiement de cliniques mobiles : 5 774 consultations curatives ont été menées, dont 90 % au bénéfice des réfugiés. L’IRC a également pris en charge 494 cas de malnutrition aiguë et plusieurs cas de maladies chroniques. À Mile, un enfant malnutri a vu son bracelet MUAC passer du rouge au jaune – un premier signe d’amélioration grâce à l’alimentation thérapeutique distribuée.

Soins prénatals et conseils nutritionnels : 542 consultations prénatales ont été réalisées, ainsi que 1 552 séances de conseil en nutrition destinées aux mères.

Santé mentale et lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) : 212 consultations en santé mentale ont été organisées, ainsi que 937 séances de sensibilisation. Toutefois, seuls 3 % des survivants ont actuellement accès aux services spécialisés.

Renforcement communautaire : 8 480 personnes ont été sensibilisées sur les bonnes pratiques nutritionnelles et la prévention des maladies.

La crise à Birak et Guéréda nécessite une réponse humanitaire coordonnée, durable et soutenue. Si l’IRC parvient, à ce jour, à sauver des vies grâce à ses cliniques mobiles, les besoins sont bien supérieurs aux capacités actuelles.

Une mobilisation renforcée des donateurs, des organisations humanitaires et des autorités est indispensable pour prévenir un effondrement sanitaire. Protéger les femmes, accompagner les enfants isolés, soutenir les communautés hôtes et prévenir les tensions locales doivent être des priorités immédiates. Enfin, ensemble, offrons une réponse à la hauteur de l’urgence. Ensemble, donnons une chance à la dignité humaine de triompher.