Portrait: Le 6 février, une atmosphère de joie régnait au sein de la famille de Fatima Haram Acyl. Ce jour-là, lors d’une annonce officielle retransmise à la télévision, le Secrétaire général de la Présidence, Mahamat Ahmad Alhabo, a dévoilé la composition du nouveau gouvernement dirigé par Allah-Maye Halina..
Fatima Haram Acyl garde toujours son poste de Ministre Déléguée auprès du Ministre des Finances, chargée de l’Économie, du Plan et de la Coopération Internationale. Elle épaulera le patron des finances Tahir Hamid Nguilin. Femme de terrain et de conviction, elle incarne une vision ambitieuse du développement, ancrée dans une expertise forgée au sein des plus grandes institutions africaines et internationales.
Une technocrate aguerrie aux défis du continent
Si son nom est familier dans les cercles de la finance et du développement en Afrique, c’est parce que Fatima Haram Acyl a bâti une carrière impressionnante, marquée par un engagement constant en faveur de la transformation structurelle du continent. Ancienne Vice-présidente de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), Fatima Haram Acyl a été l’une des figures clés de l’intégration régionale, veillant à la stabilité et à l’efficacité des institutions financières de la sous-région.
Mais c’est sans doute son passage à l’Union Africaine qui la hissera quelques années plus tard dans les plus hautes sphères. En tant que Commissaire au Commerce et à l’Industrie, elle a contribué à des projets majeurs tels que le lancement de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (AfCFTA), une initiative historique visant à booster le commerce intra-africain. Fatima a également œuvré pour la mise en place du Centre Africain de Développement des Ressources Minières (AMDC), essentiel pour une gestion plus équitable et durable des richesses naturelles du continent. Dans ces rôles, elle a su naviguer entre les exigences diplomatiques et les réalités économiques, mobilisant chefs d’État et institutions pour faire avancer ces initiatives de grande envergure.
Un retour au pays avec une vision claire
Aujourd’hui, avec sa nomination au sein du gouvernement 2 d’Allah-Maye Halina, la belle soeur du défunt Marechal du Tchad, Idriss Deby Itno, maintient sa position sur la scène nationale mais cette fois-ci, avec une feuille de route exigeante. Chargée de l’Économie et du Plan, Fatima prend les rênes d’un secteur clé dans un contexte de fortes attentes : relancer la croissance, diversifier les sources de revenus et attirer des financements étrangers pour moderniser l’économie du pays.
Son passage à la tête de la Banque Agricole du Tchad témoigne déjà de sa capacité à comprendre les défis économiques locaux. Fidèle à son poste, elle a pu mesurer l’importance de l’agriculture comme levier de développement, mais aussi les limites d’un système financier souvent inadapté aux besoins des entrepreneurs et des petites entreprises.
Son expertise en matière de finance et d’administration est également un atout précieux. Avant son engagement institutionnel en Afrique, elle a occupé des postes de haut niveau dans des organisations comme PricewaterhouseCoopers (PwC) aux États-Unis, Crowe Chizek & Company, ou encore le Bureau des Nations Unies pour les Services d’Appui aux Projets (UNOPS), où elle a dirigé la gestion financière et administrative.
Un leadership pragmatique et inclusif
Au-delà de ses compétences techniques, cette mère de famille apporte une approche pragmatique et inclusive de la gouvernance économique. Elle a toujours défendu une vision du développement qui ne se limite pas aux chiffres, mais qui prend en compte les enjeux sociaux, le rôle des femmes dans l’économie et l’impact des politiques publiques sur les ménages.
Dans un pays où les défis économiques sont nombreux, allant de la dépendance aux ressources naturelles aux effets du changement climatique sur les secteurs productifs, son expérience internationale et sa connaissance fine des institutions de financement seront des atouts majeurs.
Diplômée d’un MBA en finances de l’Université Xavier de Cincinnati (États-Unis) et d’un BA en administration des affaires de l’Université de Moncton (Canada).Si Fatima parle couramment l’anglais, le français c’est de la langue arabe que provient son nom, un atout pour nouer des partenariats stratégiques et défendre les intérêts du Tchad sur la scène internationale.
Un défi à la hauteur de son parcours
En intégrant le gouvernement 2 d’Allah-Maye Halina, Fatima Haram Acyl garde une réputation solide et un carnet d’adresses impressionnant. Mais son succès dépendra de sa capacité à naviguer dans un environnement national marqué par des tensions économiques et des attentes fortes de la population basées sur la lutte contre la vie chère, la création d’emploi, l’amelioration du système éducatif et autres.
Sa mission sera de traduire ses compétences et son expérience en actions concrètes pour relancer l’économie tchadienne, renforcer la coopération internationale et poser les bases d’une croissance plus inclusive. Avec son profil de technocrate chevronnée et de négociatrice aguerrie, elle a toutes les cartes en main pour relever ce défi.