• 8 février 2025
  • N'Djamena

Février 2008 : Quand N’Djamena a failli basculer

Février 2008 : Quand N’Djamena a failli basculer

Le 2 février 2008-2 février 2025, cela fait 17 ans que la capitale tchadienne, N’Djamena, a été le théâtre d’une violente offensive rebelle. Une coalition de groupes armés, partie de l’est du pays, a atteint les portes du palais présidentiel sans réussir à renverser le pouvoir. Grâce à la résistance des forces de défense et de sécurité, les institutions de la République ont tenu bon.

Une offensive fulgurante

Entre 2003 et 2008, plusieurs mouvements armés ont émergé à l’est du Tchad, une région frontalière du Soudan, souvent utilisée comme base arrière par ces groupes. À la fin janvier 2008, une coalition rebelle, forte de plusieurs centaines de véhicules, a lancé une offensive éclair depuis la frontière soudanaise. Après des affrontements successifs, notamment à Massaguet, à 80 km de N’Djamena, les rebelles ont atteint la capitale le 2 février.

Un rapport d’ONG, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), évoque 300 véhicules rebelles ayant percé les lignes de défense de l’Armée nationale tchadienne (ANT). Mais l’armée gouvernementale, a finalement repoussé l’attaque. Dès le 4 février, les rebelles battent en retraite, fuyant vers l’est et le sud-est du pays.

Un bilan humain lourd

Les combats ont laissé des traces. Une « Commission nationale d’enquête sur les événements de janvier-février 2008 » a été mise en place pour établir les responsabilités et faire le point sur les pertes humaines et matérielles. Son rapport fait état de 977 morts, 1 758 blessés, 32 cas de viols déclarés et 380 arrestations.

Parmi les figures marquantes de ces événements, l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, secrétaire général du Parti pour les Libertés et le Développement (PLD), a disparu après son arrestation. D’autres opposants, comme Ngarlejy Yorongar et l’ancien président Lol Mahamat Choua, ont également été arrêtés, mais seul le premier a témoigné après sa libération. Le sort d’Ibni Oumar Mahamat Saleh reste, à ce jour, un mystère.

Vers une paix fragile mais durable

Les affrontements de 2008 ont marqué un tournant. Depuis, le Tchad a évité tout conflit armé d’envergure entre forces nationales. Cette stabilisation a été renforcée par la signature, le 15 janvier 2010, d’un accord entre le Tchad et le Soudan, mettant fin au soutien mutuel des groupes rebelles opérant dans les deux pays. Ce pacte de non-agression a permis de sécuriser la frontière et d’instaurer un climat plus apaisé.

Si la paix demeure fragile, ces événements rappellent combien la stabilité du Tchad a été durement acquise et reste un défi permanent.