Par une note adressée au ministre des Finances et du Budget de la République Centrafricaine (RCA), le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, a exprimé son étonnement face à l’adoption par le parlement centrafricain de la loi régissant la cryptomonnaie, en précisant qu’il en avait pris connaissance en même temps que le grand public.
Cette note, qui peut être perçue comme un rappel à l’ordre, met en lumière l’engagement de la BEAC à maintenir le Franc CFA comme la seule monnaie légale de la zone CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale). Le gouverneur Tolli a évoqué la convention régissant l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), qui, dans son article 6, stipule que « l’unité monétaire légale des Etats membres de l’Union est le Franc CFA ».
La décision du parlement centrafricain d’adopter le Bitcoin comme monnaie légale a provoqué des remous au sein des institutions financières de la région. La BEAC, en tant que régulateur monétaire central pour les six pays membres de la CEMAC, reste fermement opposée à cette adoption, soulignant que seule la monnaie nationale, le Franc CFA, est légale dans la zone.
Dans sa note, le gouverneur de la BEAC insiste sur le fait que l’adhésion à l’UMAC implique le respect de règles monétaires strictes, notamment l’utilisation exclusive du Franc CFA dans les transactions financières au sein des Etats membres. Cette position s’inscrit dans le cadre d’un contrôle rigoureux de la stabilité économique et monétaire dans la région, afin d’éviter les risques de déstabilisation financière que pourrait entraîner l’utilisation de cryptomonnaies non régulées.
L’adoption du Bitcoin comme monnaie légale en RCA pourrait compliquer les relations économiques et financières de ce pays avec les autres membres de la CEMAC. Alors que le Bitcoin, en tant que cryptomonnaie, échappe au contrôle des banques centrales et des régulateurs nationaux, son intégration dans l’économie officielle de la RCA pourrait poser des défis liés à la surveillance des transactions, à la fiscalité et à la stabilité de la monnaie.
D’un autre côté, les autorités centrafricaines, qui défendent la loi sur la cryptomonnaie, estiment que cette initiative pourrait encourager l’innovation technologique et renforcer l’intégration du pays dans l’économie numérique mondiale.
Cette tension entre la BEAC et les autorités centrafricaines soulève des questions sur la compatibilité des initiatives nationales avec les accords régionaux. Alors que les discussions se poursuivent, il reste à voir comment la RCA et la BEAC parviendront à concilier les ambitions économiques du pays avec les régulations monétaires de la zone CEMAC. Le futur de la cryptomonnaie en RCA et son impact sur la région CEMAC, notamment la stabilité du Franc CFA, est désormais un enjeu majeur à suivre de près dans les mois à venir.